La définition des données non structurées proposée dans le post précédent appelle quelques précisions sur la logique qui la sous-tend. Les professionnels de l'information le savent bien : l'économie de la connaissance n'est pas linéaire. Autrement dit la simple agrégation des données ne permet pas la circulation d'une
information qui donnerait accès à une forme de connaissance
reproductible. Or la représentation classique du cycle de vie de l'information, si elle a l'avantage de hiérarchiser les niveaux d’agrégation de la donnée et donc de représenter les niveaux de structures de l'organisation, ne prend pas en compte les aspects systémiques complexes qui y sont associés.

Pour rappel, un système est défini comme une totalité qui ne se réduit pas à l'ensemble de ses éléments (le tout est plus que la somme de ses parties). En phase primaire d'observation, le système considéré est une boite noire qualifiée par ses frontières avec l'extérieur, des entrées et des sorties. Il est caractérisé par les relations entre ses composants et les structures qui les englobent. Cette interrelation (ces interactions) entre les composants et les structures permet de comprendre le comportement des parties pour déterminer des phénomènes d'émergence, soit la naissance de propriétés qui apparaissent au niveau global et qui ne peuvent être déduites des propriétés élémentaires. L'émergence est expliquée par des effets de seuils et signale l'apparition d'un niveau supérieur d'organisation.
L'un des avantages de l'analyse systémique appliquée à l'information est qu'elle permet d'associer certaines caractéristiques des systèmes complexes (totalité, interrelations, structures, niveaux d'organisation, émergence,...) à des modes de calcul de la valeur en lien avec l'usage des données. Transformer l'analyse des mécanismes de capitalisation sur l'information c'est autoriser l'organisation à considérer la connaissance non plus comme un risque - à traiter ultérieurement lorsque le mode de défaillance sera actif, mais comme une opportunité - qu'on peut anticiper par analyse de la valeur (information au sens du Gartner, actif immatériel de l'entreprise).
La maîtrise des mécanismes de capitalisation sur le savoir acquis est le fruit d'une réflexion sur le
fonctionnement de l'organisation et la répartition des ressources, qui
prend en compte les enjeux de pouvoir relatifs au savoir et détermine
des leviers d'action pour développer une culture du partage qui aille
au-delà de la simple collaboration. On peut décrire l'économie de la connaissance selon le principe de métastabilité (changement d'état par effet de seuil) : comme l'eau change d'état à 0°,
l'information cristallise en un certain point au sein des structures qui
composent l'organisation.
Mais parce
que la connaissance est d'abord un actif
individuel, acquis les personnes avant de l'être par les systèmes, elle
n'est jamais neutre. Acquérir une compétence réclame au mieux un effort,
acquérir une connaissance nécessite une prise de risque expérimentale.
Reconnaître cette réalité est pour l'entreprise une étape nécessaire
dans la mise en œuvre de mécanismes de capitalisation : un réseau d'entreprise ne vaut pas l'argent
qui y a été investi, si en ajoutant une brique IT au système
d'information aucun mouvement nécessaire au développement d'un niveau
supérieur d'organisation n'a été amorcé.